Le centre
Dans les pays défavorisés, avoir le droit d’être un enfant n’est pas toujours une évidence. Ainsi, au Burkina Faso, les enfants en détresse sont nombreux.
Pour survivre, ils sont obligés de mendier, de voler, de travailler dans des conditions proches de l’esclavage ou de se prostituer.
Analphabètes et sans formation, ils ont peu de chance d’échapper à cet engrenage si rien ne vient changer le cours de leur vie.
L’histoire de 30 vies qui ont pris un nouveau départ
Aujourd’hui ce sont 32 enfants qui sont soutenus, soignés, éduqués, aimés au sein du centre Africatilé. Parmi eux, 24 vivent dans les locaux du centre et environ 8 sont placés dans des familles.
Issou et Aubin ont tout juste trois ans et passent leurs journées auprès des nourrices qui sont des mères pour eux. Tous les autres vont à l’école, ils se forment pour trouver leur autonomie… trois d’entre eux vont même à l’université ! Une vraie démonstration de courage et une capacité de résilience incroyable pour ces jeunes qui viennent de la rue.
En plus de ces enfants, ce sont également une dizaine d’employés que le centre fait vivre… eux et leurs familles. C’est un vrai défi au quotidien pour cette équipe qui ne doit pas seulement nourrir, soigner et instruire ces enfants, mais aussi les aimer, les éduquer, les aider à guérir leurs blessures.
Ici la pauvreté n’est pas juste le résultat d’un manque de moyen. Lorsqu’un enfant se retrouve au centre, c’est que tous les mécanismes familiaux, toutes les solidarités possibles ont échoué. C’est un parcours souvent douloureux et traumatisant qui les amène ici.
“PendantUn lieu de refuge
En plus de ceux qui sont pris en charge sur le long terme, le Centre collabore étroitement avec l’Action Sociale qui place régulièrement des enfants.
Depuis 2019, l’essor du terrorisme dans le nord du pays a provoqué de nombreux déplacements de population et il n’est pas rare que des enfants en bas âge non accompagnés se retrouvent simplement perdus ou abandonnés. Il faut alors les retrouver, les mettre en sécurité, le temps de retrouver leurs familles ou un endroit qui pourra les accueillir.
Dans un pays qui avait l’habitude d’accueillir de nombreux touristes et travailleurs expatriés, la situation sécuritaire a fait disparaître toutes les activités touristiques (restaurant, artisanats, lieux de loisirs) et détérioré le tissu économique. La pandémie a encore accentué ce phénomène avec la fermeture des frontières.
Kadi, la directrice financière du Centre, nous explique : « Les enfants sont nombreux à se présenter au Centre au moment des repas pour avoir au moins quelque chose à manger, parce que chez eux c’est compliqué. Chez nous, jamais un enfant qui a faim n’a été refusé. Pendant le COVID il a fallu on a organisé une cantine dans mon bureau pour leur permettre de manger sans risque de contaminer nos enfants ». Aujourd’hui avec la situation sécuritaire qui se dégrade et les nombreux enfants déplacés c’est très souvent que des enfants sont nourris au centre.
Autonomie et compétences informelles : ça se passe au jardin et au poulailler !
En plus du travail scolaire et des tâches ménagères, les enfants apprennent les bases de la production maraîchère au jardin et de l’élevage des petits animaux.
Si vous avez déjà essayé d’avoir un potager ou un poulailler, vous savez alors que rien de tout ça n’est si évident. Or, ce sont des connaissances fondamentales dans un pays où l’auto-production familiale est parfois la seule source d’alimentation possible.
La terre au niveau du jardin a encore besoin d’être nourrie et un projet en vue d’améliorer les compétences du personnel et des enfants en agro-écologie est en train de germer.
A l’heure actuelle, il y a 10 poussins, 5 poules, 4 coqs, 1 canard, 2 canetons (si si une marre a été aménagée) et 3 pigeons. Le projet de faire plus d’élevage est en cours de réflexion (pintades, moutons, chèvres).
Des journées bien remplies…
Le suivi scolaire prend beaucoup de temps aux enfants. Ils s’occupent du jardin et des animaux chaque soir. Des sorties sont organisées pour aller voir des artisans, des jardins pour les motiver.
L’été les enfants retrouvent leur famille manche longue quand c’est possible. « Car même si le Centre est comme une famille, un jour il faudra le quitter » nous rappelle Kadi, et la création de liens sociaux est une source fondamentale de sécurité et de solidarité.
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